Est-ce qu’on peut allaiter après une réduction mammaire ?
Je profite de la Semaine Mondiale de l’Allaitement pour vous faire part de mon expérience sur un sujet qui me tient à cœur : allaitement et réduction mammaire.
En 2010, j’ai choisi de subir une réduction mammaire…
Un choix tout à fait éclairé, après des années à subir douleurs au dos, remarques diverses, harcèlement de rue etc…
A l’époque, je savais que je deviendrais maman un jour, donc allaiter n’était bien sûr pas une priorité immédiate.
Ma RM, je l’ai faite en avril 2010, soit 5 ans et demi avant de tomber enceinte. L’intervention a été importante puisqu’entre mes 2 seins, c’est pas moins d’1 kg 100 qui a été enlevé.
À l’époque, j’avais 27 ans, et ma chirurgienne m’avait indiqué qu’elle ferait de son mieux pour préserver mes canaux galactophores en vue d’une future maternité. Mais en réalité, je n’ai eu aucune réelle information à ce sujet post-opération.
Alors, même si j’ai toujours été convaincue par les bienfaits de l’allaitement, je savais aussi que le jour où j’aurais un enfant, j’aurais certainement à me heurter à un obstacle de taille : et si ma réduction mammaire m’en empêchait ?
Et puis je suis tombée enceinte
Forcément, quand je suis tombée enceinte fin 2015, j’ai passé la majorité de ma grossesse à me dire qu’allaiter serait peut être possible, mais peut-être aussi totalement impossible. J’avais des copines qui, enceintes, perdaient du lait à à peine 3 ou 4 mois de grossesse. Moi, rien, nada, même pas une goutte !
Quelque part je me suis donc fait une raison. Tant que mon bébé naissait en bonne santé…
La surprise !
Alors quand, à la fin de ma grossesse, l’un de mes seins a perlé légèrement, j’ai repris espoir !
Lorsque ma fille est née, nous avons eu la chance de pouvoir très vite bénéficier du peau à peau, et je l’ai allaitée immédiatement. Elle tétait et déglutissait. J’étais aux anges !!!!
Bon je suis vite redescendue sur terre car :
- je ne savais pas bien la mettre au sein et je n’osais pas déranger l’équipe médicale pour qu’on me la positionne correctement
- j’ai très vite souffert de sacrées crevasses, des entailles profondes. Celles qui ont connu ça savent de quoi je parle… J’avais pourtant pris avec moi tout mon attirail bio / naturel : miel, aloe vera, huiles etc, mais rien n’y faisait
- ma fille était presque constamment au sein, elle pleurait beaucoup, et prenait un peu de poids au début (bonne nouvelle !). Hélas, elle en a perdu énormément suite à l’évacuation du méconium, et avait des difficultés à reprendre du poids. Nous sommes restées 24h de plus en surveillance à l’hôpital avec la menace du biberon de lait maternisé au-dessus de nos têtes si elle n’arrivait pas au poids évoqué. Après 24h d’allaitement nous y étions, ouf, et nous sommes parties.
Dur dur…
Etant donné que j’arrivais tout de même à allaiter, il était hors de question pour moi d’abandonner si facilement. Mais de retour à la maison, j’ai cédé à l’appel du « bout de sein » en silicone… J’avais tellement mal et mes crevasses ne cicatrisaient pas !
Et ce qui devait arriver arriva : moins de stimulation, moins de production lactée, moins de lait pour mon bébé, et forcément son poids était en chute libre… Après plusieurs visites de la sage femme qui me suivait, il fut convenu de passer aux « compléments« .
La suite : complément = biberon = olala ça coule vite = ciao les seins de maman
Voilà pour le résultat de l’équation…
Cette formule frustrante pour moi me permit néanmoins de laisser mes seins cicatriser à la lanoline, parfait ! Le seul produit qui m’a soignée de manière efficace malgré mes recettes de sorcière 🙂
En parallèle et dès la fin de l’allaitement, j’essayais de tirer mon lait tous les jours, mais la quantité tirée était vraiment minime ! Toutefois ma fille en buvait quotidiennement au biberon, en plus du lait en poudre.
Le rendez-vous qui a tout changé
J’avais donc arrêté d’allaiter mon bébé au bout de onze jours… Quelques jours plus tard, nous avions rendez-vous chez une toute nouvelle pédiatre dans la ville à côté qui venait de s’installer, et qui était spécialisée dans l’allaitement : elle me proposa de tester le DAL, et je l’en remercie grandement !
Le DAL, késako ?
DAL = Dispositif d’Aide à la Lactation – Système de Nutrition Supplémentaire (marque MEDELA)
Il s’agit d’un outil permettant de stimuler la lactation.
Le principe d’utilisation est plutôt simple : remplir le contenant de lait (maternel ou maternisé), le porter autour du cou, scotcher les tuyaux juste à côté des mamelons, et faire téter son bébé. Notre bébé reçoit du lait à une vitesse suffisante, tout en stimulant la lactation.
Au début, la frustration a duré car je n’arrivais pas à utiliser ce dispositif, j’ai bien failli arrêter d’ailleurs car les fils s’emmêlaient de partout, et de toute façon ma fille ne jurait que par les biberons. Confusion sein-tétine…
Et puis j’ai bidouillé un peu le DAL, j’ai recommencé, et là : ma fille buvait son lait en tétant, parfait !
Ma pédiatre m’avait conseillé de mettre en place un rituel : commencer par faire téter mon bébé en premier, puis lui faire boire son biberon, puis re-téter, pour stimuler la lactation. Et ça a marché !
Je me souviens à l’époque de m’être quasiment faite traiter de mère indigne sur un groupe Facebook car je ne respectais pas la volonté de mon bébé, à savoir, rester uniquement au biberon.
Je crois que tout est relatif, et que tous les points de vue se tiennent, mais ma fille n’avait pas réellement choisi le biberon, mais plutôt être nourrie en quantité et servie rapidement… Et finalement, si elle avait vraiment refusé de téter, j’aurais immédiatement arrêté bien évidemment.
Au final, j’ai pu poursuivre mon allaitement mixte, à ce rythme là : tétée au maximum, biberon, tétée. Cela nous a convenu à elle et moi un bon moment, je sais qu’elle prenait au moins un peu de lait maternel car elle ne finissait jamais ses biberons de lait en poudre et qu’elle grossissait et grandissait parfaitement.
J’ai poursuivi l’allaitement mixte à ma reprise du travail aux 4 mois de ma fille, matin et soir (et nuit…), ce fut très plaisant pour nous deux.
La fin…
Et puis un jour, au bout de 13 mois, ma fille refusa de prendre le sein, et ce fut fini.
Conclusion
Je ne regrette aucunement ce choix et je dirais même que si vous avez la foi, vous pouvez le faire !
Il paraîtrait même que certaines femmes ayant subi une réduction mammaire ne connaissent pas de réduction de leur débit de lait.
Quelques conseils supplémentaires
Vous pouvez tester les compléments / astuces qui peuvent faciliter l’allaitement :
- Boire beaucoup d’eau tout au long de la journée ;
- La bière sans alcool, qui augmenterait la production lactée ;
- Les infusions de fenouil
- L’homéopathie
- Je le redis, la lanoline m’a sauvé la mise ! 🙂